Le premier roman de cette autrice : La Chinoise du tableau m’avait enchantée par la qualité de l’écriture et de l’histoire. Écrire un deuxième roman est toujours un défi surtout lorsque le premier rencontre un franc succès. Je n’ai pas été déçue, bien au contraire.
Le roman s’ouvre sur un prologue décrivant le destin dramatique de Brighid dans l’Irlande profonde avant la Seconde Guerre mondiale. Brighid, orpheline et domestique dans une « famille irlandaise respectable » est engrossée par le père de famille, omnipotent, et propriétaire terrien.
Dans le chapitre suivant, nous sommes projetés en 2014 et faisons la connaissance de Saskia qui nous parle à la première personne. Nous sommes immédiatement touchés et concernés par le devenir de celle qui s’affirme très vite comme le personnage central du roman. Elle fuit la douleur d’une rupture et trouve dans la doublure d’un sac tressé un message écrit par Santi d’origine balinaise, l’artisan de l’objet.
Cette entrée en matière nous plonge d’emblée dans le mystère et nous incite habilement à poursuivre notre lecture. Les questions soulevées, nous le pressentons alors, trouveront des réponses, des explications dans la suite de l’histoire qui s’annonce déjà passionnante.
Saskia décide en effet de partir pour Bali, rompre avec son passé marqué au fer rouge par la rupture avec Mathias, dont, on le devine, elle était éprise corps et âme. Partir pour oublier son amour perdu, pense-t-elle alors, par un dépaysement total. Le message trouvé dans le panier lui en donne l’opportunité comme un signe du destin.
Commence alors un voyage initiatique fait de découverte et de rencontres dont certaines vont être décisives. Un couple de Français installés à Bali, un guide touristique amoureux de la culture et de la langue française et pétri de sagesse, Jérémie un pompier en reconversion professionnelle et Candice, une femme charmante rencontrée lors d’une visite.
L’auteur nous ouvre à une civilisation méconnue aux modes de vie et aux traditions ancestrales. Nous découvrons avec bonheur les couleurs, les odeurs, les paysages, la végétation aux fragrances délicates, la gastronomie épicée, les tenues vestimentaires, les danses savantes et codifiées, la cohue des souks et des rues animées et bigarrées, les temples, lieux de culte et de vénération des dieux du panthéon hindouiste.
Nous retrouvons le style élégant de Florence Tholozan qui nous plonge dans ce caléidoscope de sensations, d’émerveillements avec sensualité et maîtrise. L’auteur nous dévoile également subtilement la détresse et les luttes intérieures de Saskia qui nous ouvre son cœur de façon sincère et touchante.
Le roman de Florence Tholozan est un vrai régal sur le plan de l’écriture, mais il s’avère aussi bouleversant. Il m’a reconnecté à mon passé et à l’histoire de ma propre famille. Je dois avouer que je n’en suis pas ressortie indemne.
C’est la magie du roman de nous concerner au plus profonde de notre intimité et cette œuvre originale de Florence Tholozan l’accomplit avec maestria.
Je recommande chaudement ce second livre de Florence Tholozan qui, je n’en doute pas, trouvera son lectorat par sa qualité indéniable et sa profondeur.
Je remercie l’autrice pour cette lecture envoutante et parfois troublante.